La pression est montée d'un cran dans la capitale libyenne, Tripoli, dimanche 21 août. La situation s'est accélérée en Libye et la bataille finale tant attendue a bel et bien commencé avec l'entrée des insurgés de l'Ouest dans la capitale et le soulèvement des Tripolitains. La chute du colonel Kadhafi semble imminente.
Le procureur de la Cour pénal internationale a confirmé dans la nuit de dimanche à lundi, l'information des rebelles selon laquelle le fils de Kadhafi, Seïf el-Islam a été arrêté. Un peu plus tôt, le président du Conseil national de transition (CNT) libyen Moustapha Abdeljalil a indiqué disposer "d'informations sûres que Seif al-Islam", un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, "a été arrêté". "Il est dans un lieu sûr sous garde renforcée en attendant qu'il soit déféré à la justice", a-t-il indiqué dans une interview à Benghazi, bastion des rebelles dans l'Est de la Libye, à la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira. Selon la même source, la garde rapprochée du colonel Kadhafi se serait rendue. Selon un porte-parole des insurgés, le guide libyen se serait enfui en Algérie, une hypothèse probable en raison des liens étroits qu'il entretenait toujours avec Alger.
Le régime de Mouammar Kadhafi est en train de "s'effondrer" ce dimanche soir, a estimé de son côté l'Otan, qui affirme ne prendre aucunement part à l'offensive des rebelles libyens à Tripoli.
Accélération de l'offensive
Devant l'hôtel Rixos où logent les journalistes étrangers, de violents affrontements ont éclaté en soirée entre forces fidèles au régime et rebelles et se poursuivaient vers 21h GMT, tout comme dans le reste de la ville. La connexion internet était à nouveau disponible pour le public à Tripoli, pour la première fois depuis le début de l'insurrection, ont indiqué des habitants de la capitale dans la nuit de dimanche à lundi. Selon Al-Jazira, toute la ville Tripoli est désormais aux mains des rebelles, à l'exception du bastion de Kadhafi.
Interrogé par l'AFP, Ahmed Jibril, porte-parole de la rébellion avait révélé dans l'après-midi qu'une opération, baptisée "opération sirène" en coordination entre le Conseil national de transition (CNT) et les combattants rebelles dans et autour de Tripoli, était en cours pour isoler le colonel Mouammar Kadhafi jusqu'à obtenir sa capitulation ou son départ.
"L'Otan est également impliquée dans l'opération", a précisé Ahmed Jibril.
L'offensive s'est accélérée dimanche avec la prise en tenailles par les rebelles de la capitale. Les rebelles ont pris dimanche matin une forêt à 24 kilomètres à l'ouest de la capitale. Dans l'après-midi les rebelles ont pris le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli. Des centaines de rebelles sont entrés dans l'enceinte de cette base militaire, située à l'ouest de Tripoli, sur la route de Zawiyah, d'après la même source et ont récupéré l'important arsenal qui s'y trouvait. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli.
Les rebelles libyens ont libéré dimanche après-midi plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située à quelque 25 km à l'ouest de Tripoli, lors de leur avancée vers la capitale.
Prisonnier Tripoli
Les rebelles libyens ont libéré le 21 août 2011 plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située à quelque 25 km à l'ouest de Tripoli, lors de leur avancée vers la capitale. (AFP / FILIPPO MONTEFORTE)
A l'approche des rebelles, la capitale s'est soulevée et était en ébullition toute la journée. Une bonne partie de la capitale était dimanche soir sous le contrôle des rebelles libyens accueillie par une population en liesse.
Des rebelles libyens, venus par la mer de l'enclave côtière de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, ont infiltré la capitale et ont participé aux combats qui s'y déroulent actuellement.
Kadhafi promet qu'il ne se rendra pas
Malgré les succès apparents des rebelles, le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, a affirmé lors d'une conférence de presse dans la soirée, que "le régime est toujours fort et que des milliers de volontaires et de soldats sont prêts à se battre" et dit que 1.300 personnes avaient péri ces dernières 24 heures à Tripoli. Il n'était pas possible de vérifier ce bilan.
Le colonel Kadhafi a appelé lui dans la nuit de dimanche à lundi ses partisans à "nettoyer" la capitale des rebelles, dans un message sonore diffusé par la télévision libyenne.
Les Tripolitains "doivent sortir maintenant pour nettoyer la capitale", a déclaré le colonel Kadhafi dans son troisième message sonore en moins de vingt-quatre heures, affirmant qu'il n'y avait "pas de place pour les agents du colonialisme à Tripoli et en Libye". Dans son précédent message, il assurait qu'il n'abandonnera pas et qu'il sortira"victorieux" de cette bataille.