Des membres des forces de sécurité sur les lieux de l'attentat qui a visé un bâtiment de la police pakistanaise à Peshawar.AFP/A. MAJEED Un kamikaze au volant d'une camionnette piégée a entièrement détruit
un commissariat, tuant trois policiers et un soldat, mercredi 25 mai, à
Peshawar, au Pakistan, les talibans alliés à Al-Qaida revendiquant là
leur quatrième attaque pour venger la mort d'Oussama Ben
Laden. Au moins vingt-trois personnes ont également été blessées, et
les sauveteurs tentaient de localiser quatre à cinq autres victimes sous
les décombres.
Les talibans avaient juré, le jour même de la mort du chef d'Al-Qaida
il y a plus de trois semaines, d'intensifier leur campagne d'attentats,
qui a déjà fait près de 4 400 morts en moins de quatre ans dans ce pays
allié à Washington dans sa
"guerre contre le terrorisme".
Ils avaient notamment promis de s'attaquer aux forces de sécurité,
accusant Islamabad et son armée de complicité dans le raid américain
fatal à Ben Laden le 2 mai dans le nord du pays.
A l'aube,
"un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs
contre le commissariat du département de la police criminelle dans le
quartier militaire" de Peshawar, dans le Nord-Ouest, a déclaré un
officier de la police, assurant que l'immeuble de trois étages avait
été entièrement détruit.
"Trois policiers et un soldat ont été tués",
a indiqué le chef de la police de Peshawar, la capitale de la province
du Khyber-Pakhtunkhwa, aux portes des zones tribales bastion des
talibans et d'Al-Qaida. La police a également évoqué 23 blessés, neuf
au moins étant des policiers.
Selon ces deux sources, le véhicule piégé, une camionnette, contenait
entre 250 et 300 kg d'explosifs, et des morceaux de carcasses ont été
projetés à près de 300 mètres. L'heure matinale explique le bilan
relativement léger pour un attentat aussi dévastateur.
"A cette heure-ci, il y a d'ordinaire dix à quinze personnes dans le commissariat", selon un officier de police.
Le consulat des Etats-Unis est situé à une centaine de mètres du
commissariat, en plein cœur de ce cantonnement de l'armée, un quartier
où résident les officiers et leurs familles, censé être placé sous haute
sécurité.
"ACCÉLÉRER LE RYTHME DES ATTAQUES"Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaida, a revendiqué l'attentat moins de trois heures après.
"Nous allons accélérer le rythme de ces attaques pour venger la mort d'Oussama Ben Laden", a déclaré à l'AFP par téléphone, depuis un lieu inconnu, Ehsan Ehsanullah, le porte-parole du TTP.
"Ces attaques vont continuer jusqu'à l'arrêt des attaques de drones
américains et des opérations de l'armée dans les zones tribales" pakistanaises, a-t-il également assuré.
Le TTP avait juré de venger la mort de Ben Laden en intensifiant sa
campagne d'attentats extrêmement meurtrière depuis l'été 2007 quand, à
l'unisson de Ben Laden en personne, il avait décrété le djihad à
Islamabad pour son soutien à Washington dans sa
"guerre contre le terrorisme" depuis fin 2001. Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre à six
kamikazes du TTP avaient tué dix militaires et détruit deux avions dans
l'attaque d'une base aéronavale de l'armée à Karachi, la capitale
économique du Pakistan, dans le Sud.
Pour venger Ben Laden, le TTP avait aussi revendiqué un double
attentat-suicide le 13 mai devant un centre d'entraînement de la police à
Shabqadar (Nord-Ouest), qui avait fait 98 morts, essentiellement des
cadets de la police. Puis, vendredi, les talibans avaient fait exploser
une bombe au passage des voitures de diplomates du consulat des
Etats-Unis à Peshawar, tuant un passant et blessant très légèrement deux
Américains. Là aussi en représailles à l'élimination du chef
d'Al-Qaida.